Les principaux dictionnaires (Larousse, Littré, Robert) s’accordent pour comprendre le séjour comme « le fait de séjourner pendant un certain temps en un lieu ».
Le séjour désigne également le lieu de villégiature du visiteur qui, par définition, n’habite pas de façon permanente en cet endroit ; il y effectue un séjour. Plus précisément – en termes économiques et selon les normes internationales –, est considérée comme séjour une durée de résidence incluant au minimum une nuitée – ce qui exclut l’excursion sans recours au gîte et au couvert – et au maximum un an, temps au-delà duquel on parle de domicile.
La « nuitée » a été retenue – de préférence à la « journée » – comme unité de mesure du séjour car s’appuyant nécessairement sur les ressources d’hébergement propres au tourisme. Le terme « séjour », surtout si le séjour s’applique à la sphère touristique, emporte l’idée de dépaysement, de découverte, de changement, de déplacement par rapport au lieu ordinaire d’habitation avec, en arrière-plan, la supposition que la distance entre le domicile et le lieu de séjour (puisqu’il s’agit ici de loisirs) soit suffisante pour entraîner une modification du rythme de vie quotidien.
À titre d’exemple, la « résidence d’été » où le monarque effectue des séjours aux beaux jours (Château de Windsor pour la couronne d’Angleterre, à quelques km à l’ouest de Londres, Castel Gandolfo pour le souverain pontife, à 5 km de Rome) peut être spatialement proche mais modifier les habitudes des occupants y effectuant un séjour.
En revanche, occuper plus ou moins alternativement deux propriétés d’une même bourgade, selon des critères propres, ne peut répondre à la définition de « séjour ».
Si l’on associe la notion de séjour à celle de loisir, la question se pose de savoir si les voyages à caractère mixte (partir en cure thermale d’agrément incluant un volet médical, profiter des congés pour contacter la clientèle d’une région) entrent ou non dans la catégorie séjour touristique.
La réponse sera donnée par la proportion accordée à chacun des aspects du déplacement tout en sachant qu’à l’origine, les aristocrates fortunés, les artistes de Cour, les diplomates qui se déplaçaient à travers l’Europe, en précurseurs du tourisme, avaient pour objectif l’étude des mœurs étrangères, des paysages, des politiques pratiquées plutôt que le loisir.
L’histoire du séjour, entendu comme une succession d’une à 365 nuits en un lieu extérieur au domicile, se confond étroitement avec celle du développement du tourisme, lui-même conséquence de l’industrialisation qui a engendré les congés..
D’innombrables facteurs tels l’allongement de la durée de vie, l’âge de la retraite, la prolongation des études, l’augmentation du nombre de jours de congé et leur fragmentation, l’internationalisation du marché, ont fait que la courbe représentative de l’évolution des séjours, sujette à l’explosion du niveau de vie et aux variations imputables aux crises économiques cycliques, est loin d’être linéaire. Une connaissance de ces facteurs d’évolution des séjours est nécessaire à une adaptation de l’industrie du tourisme aux besoins engendrés par une société de loisirs, particulièrement avide de découvertes.
Sans remonter à l’aube des temps, où les voyages n’avaient pour objectif que la migration de peuplement, la conquête militaire, la promotion d’échanges commerciaux, on peut signaler que les premiers séjours sans but économique direct remontent à l’époque des pèlerinages à vocation cultuelle.
Toutefois, on peut dater de 1788 la première randonnée de longue haleine dénuée d’arrière-pensée politico-économique, quand le Genevois Saussure atteint le sommet du Mont Blanc, préfigurant ce qui deviendra le séjour sportif. Cet exploit sera prolongé par le développement touristique de Chamonix en Savoie, Interlaken dans l’Oberland bernois, Zermatt dans le Valais.
En 1820, le pasteur britannique Lewis Way se rend à Nice pour un séjour et défriche, le long du littoral, le « Camin deï Anglès », qui deviendra la « Promenade des Anglais » en 1860, après l’annexion du Comté par la France, attirant l’aristocratie d’Outre-Manche à la recherche d’un séjour au climat clément. Mais, le tourisme à proprement parler, qui suppose le déplacement de voyageurs, ne se développe qu’à partir de l’essor industriel du XIXème siècle en Angleterre lorsqu’une ligne de chemin de fer entre Manchester et Liverpool, distantes d’une cinquantaine de km, est inaugurée en 1830. Cet événement fondateur permet le transport de charbon, mais aussi de passagers.
En 1939, naît le premier guide touristique (l’allemand Baedeker) traitant d’un voyage sur le Rhin, bientôt traduit en français et en anglais. Thomas Cook crée la première agence de voyages en 1841 et organise des séjours en Europe continentale. En 1860, le duc de Morny fonde la station balnéaire normande de Deauville bientôt dotée d’un hippodrome, desservie par le rail, et initie la construction des premières villas sur le littoral, inaugurant ainsi les Séjours estivaux.
La ville de Gérardmer, dans la région des lacs vosgiens, voit naître le « Comité des Promenades » en 1875, précurseur des futurs syndicats d’initiative qui fleuriront sur l’ensemble du territoire. En 1900, paraît le premier guide Michelin, édité à 35000 exemplaires et distribué gratuitement à fin de promotion des séjours, destiné aux automobilistes. Il s’enrichira à partir de 1926 d’un répertoire de « bonnes tables ». 100 ans plus tard, cet annuaire tire à 800000 exemplaires et constitue la bible des touristes gastronomes.
Dès la fin de la Première Guerre Mondiale, une liaison aérienne Londres-Paris est inaugurée. Elle transporte 10 passagers et initie le tourisme international. La première autoroute relie, en 1924, les villes italiennes de Milan et Varèse (85 km). Ce type de liaison routière inspire l’Allemagne qui sera dotée en 1945 de 3800 km d’autoroutes.
Le premier club de vacances voit le jour à Palma de Majorque en Espagne en 1950, constituant le premier village de vacances du Club Méditerranée. Devant le succès croissant des séjours touristiques entraînant une saturation du réseau routier à certaines périodes de l’année, la France instaure en 1976 un système de régulation et d’information prenant le nom de « Bison Futé ».