La France joue un rôle de premier plan dans l'industrie du voyage. Première destination mondiale avec 82 millions de visiteurs étrangers annuels, troisième en termes de recettes (derrière les États-Unis et l'Espagne), elle génère 700 000 emplois. Par contre, elle ne se situe qu'en neuvième position pour la somme moyenne dépensée par touriste.
La raison essentielle de cette relative contre-performance s'explique par la position géographique du pays, lieu de passage quasi obligatoire du Nord (Finlande, Suède, Pays-Bas, etc.) vers le Sud (Italie, Espagne, Portugal) de l'Europe et le Maghreb, mais non nécessairement destination finale. Les pouvoirs publics se sont fixés comme objectif qu'à la formule « 1-3-9 » (caractérisant le trio nombre de visiteurs, recette totale, ratio dépense par tête) succède la perspective « 1-2-3 ».
Pour justifier cette ambition, le gouvernement fait valoir que la France dispose d'une variété de sites inégalée allant de la plage à la montagne, en passant par les régions qui offrent un patrimoine culturel, touristique, historique, architectural ou culinaire exceptionnel et des infrastructures en perpétuelle amélioration.
À eux seuls, des sites comme les châteaux de la Loire, le Mont Saint Michel, les grottes de Lascaux, les paysages d'Auvergne, l'architecture alsacienne ou les monuments parisiens (parmi les plus appréciés des touristes étrangers) justifient que la France soit le but du voyage touristique.
Le voyage implique également des répercussions sur nombre d'activités. Sont concernés au premier chef, les voyagistes, les offices de tourisme, les agences de voyage et les accompagnateurs de circuit. Le chiffre d'affaires des secteurs de l'industrie de l'hôtellerie, de la restauration, du camping, des autocaristes et des organisateurs d'excursions en dépend prioritairement. De surcroît, il est la raison d'être des transports, qu'il s'agisse du voyage aérien (régulier ou charter), automobile (individuelle ou de groupe) et ferroviaire.
Hormis les visiteurs étrangers, les résidents français constituent eux-mêmes un réservoir appréciable pour le secteur économique touristique. Globalement, cette clientèle dépense les deux tiers (consommation des Français restant en France et en route pour l'étranger) des 106 milliards d'euros annuels des comptes du tourisme. Si les étrangers privilégient l'Île de France comme première destination, c'est la région PACA qui attire prioritairement les nationaux.
Tous ces mouvements consécutifs au voyage posent la question de la pollution de cette industrie. Selon les experts de l'ONU, le tourisme occasionne 5% de l'émission mondiale de gaz à effet de serre. À l'intérieur de ce 5%, les trois quarts sont dus au transport (dont 40% par l'avion et 32% par le transport routier). Comme conséquence de l'activité humaine dans ce domaine, les neiges du Kilimandjaro risquent de fondre complètement sous 10 ans, Venise d'être submergé, certaines îles des Maldives disparaître. La mer Méditerranée, bassin semi-fermé représentant 0,7% de la surface maritime terrestre, concentre le tiers du trafic mondial (pas que d'ordre touristique, toutefois) avec des conséquences inéluctables quant à la pollution par hydrocarbures, produits chimiques, déchets, eaux usées domestiques le long des côtes et rejets divers.
Face à cette situation, l'OMT (Organisation Mondiale de Tourisme) a tiré la sonnette d'alarme en avertissant que les habitudes touristiques, en perpétuel accroissement, doivent changer afin de rendre plus propre l'industrie touristique. Cette mise en garde salutaire n'a cependant pas reçu un écho favorable dans les pays émergeants dans ce secteur. Le ministre indien du tourisme – Madame Soni – a déclaré : « 60 ans après son indépendance, ce n'est que maintenant que l'Inde commence à développer pleinement son potentiel touristique. Il serait injuste de nous faire payer le prix de la pollution ».
Cette position est partagée par la Chine – dont les frontières s'ouvrent au tourisme depuis une quinzaine d'années – considérée comme le futur leader du développement touristique mondial si l'on se réfère à son taux de progression. En attendant que le débat idéologique soit tranché, 900 millions de touristes ont parcouru le monde en 2007, un chiffre qui devrait doubler, selon les estimations, à l'horizon 2025.