Au début du 17ème siècle, l'emplacement de l'actuel parc est occupé par un étang peuplé de canards sauvages. Les villageois appellent cet endroit marécageux : le lac de Dura le commerçant.
Vers 1830, alors que la région est administrée par l'empire russe, le gouverneur Pavel Kiselyov propose d'aménager le lac et de drainer les marécages avoisinants. Cette décision n'est pas vraiment suivie d'effet et ne donnera lieu qu'à des travaux mineurs.
En 1843, le prince Gheorghe Bibescu fait appel à l'horticulteur viennois Wilhelm Friedrich Carl Meyer et au jardinier Franz Hörer. Les deux spécialistes s'attellent aussitôt à la tâche : ils construisent des allées, plantent de nouvelles variétés de fleurs, donnent une touche romantique au paysage rocailleux qui mène au lac et aménagent celui-ci en le reliant par un canal à la rivière Dâmbovita.
Les jardins sont enfin inaugurés en 1847 et Meyer en devient le gérant.
C'est le peuple de Bucarest, alors capitale de la Valachie, qui nomme ce jardin : « Cismigiu ». C'est la prononciation roumaine du mot turc « cismea » qui désigne la fonction d'administrateur des fontaines publiques. Or, l'administrateur de l'époque habitait justement près du parc.
Après l'inauguration officielle, Meyer continue inlassablement les aménagements. Il plante dans le parc des milliers d'arbres décoratifs provenant de tous les pays d'Europe, fait paver les allées, rajoute des ponts au-dessus des bras du lac, multiplie les puits, installe des kiosques destinés aux orchestres et propose des promenades en barque.
Cependant l'horticulteur décède en 1852. Malgré ce malheur, tous les travaux entrepris seront finalement achevés. La touche finale est donnée en 1882, avec l'installation d'un système d'éclairage électrique sur les rives du lac.
C'est l'époque durant laquelle on vient en calèche visiter les jardins, se promener dans ses allées, montrer son élégance vestimentaire et finir la soirée au restaurant. Pendant longtemps, les jardins Cismigiu demeurent célèbre grâce au restaurant Thierry (tenu par un Français) et aux dizaines de photographes qui proposent de faire le portrait des visiteurs de passage.
Les administrateurs suivants sont très souvent Allemands, comme : Ulrich Offman, Wilhelm Knechtel et Friedrich Rebhuhn. Ce dernier rénove le parc vers 1910 et lui donne son aspect actuel.
Cismigiu est le parc le plus ancien et le plus grand du centre-ville. Son entrée principale est située sur le Boulevard Elisabeta, en face de l'Hôtel de Ville. Une seconde entrée donne sur le Boulevard Ştirbei Vodă, près du Palais Creţulescu. La partie sud-est des jardins est adjacente au Lycée Gheorghe Lazăr.
Le parc possède trois éléments remarquables.
« Rondul Român » (le rond-point romain) ou « Rotonda Scriitorilor » (la rotonde des écrivains) : il s'agit d'une allée circulaire où sont exposés les bustes de 13 écrivains roumains célèbres (Mihai Eminescu, Alenxandru Odobescu, Titu Maiorecu, etc.).
Monumentul Eroilor Francezi (le monument des héros français) est un mémorial pour les soldats français morts pendant la campagne roumaine de la Première Guerre Mondiale.
Izvorul Sissi Stefanidi est une sculpture créée par Ioan C. Dimitriu Bârlad (1890-1954), qui représente une mère déplorée, pleurant la mort de sa fille.
Il existe encore d'autres statues dans l'enceinte de Cismigiu, comme celle du journaliste Gheorghe Horvath, sculptée par Gheorghe Horvath, et celle de l'écrivaine et activiste des droits de la femme Maica Smara (1854-1944), réalisée par Mihai Onofrei.
Les courtes nouvelles de Luca Caragiale, publiées vers 1900, présentent souvent des personnages évoluant dans le parc Cismigiu. Un roman du 20eme siècle de Grigore Bajenaru, met en scène des collégiens, passant le plus clair de leur temps dans les jardins.
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