L'origine du fort remonte à 1 650, date à laquelle le gouverneur de l'époque, Charles Houël, émet le souhait de disposer d'une demeure digne de son rang. Il fait alors venir de France des compagnons avec qui il construit un véritable « petit château ». Le bâtiment, dénommé maison carrée, possède des murs épais d'un mètre, afin de protéger ses occupants des éventuelles attaques d'autochtones.
Le complexe fait ensuite l'objet d'une série d'agrandissements pour répondre aux besoins militaires. Entre 1720 et 1750 lui sont adjointes des casemates ainsi qu'une grande poudrière. Ces mêmes impératifs militaires conduisent à la création, entre 1763 et 1780, de cuisines et de citernes pour alimenter la garnison.
Le fort recouvre aujourd'hui une surface de 5 ha. La sombre grisaille des murs et des fortifications tranche avec les couleurs du paysage environnant.
La conception des remparts (de forme très anguleuse, très hauts et étagés) suit scrupuleusement les préceptes de Vauban. L'enceinte abrite plus d'une dizaine de bâtiments militaires, allant des quartiers de soldats aux logements des officiers, en passant par les armureries.
Pendant près de 200 ans, de sa création à 1831, la situation stratégique du fort lui vaudra d'être l'objet de nombreuses confrontations franco-anglaises.
La page la plus sanglante et la plus tragique de son histoire sera cependant purement française, puisqu'elle opposera en 1802 les habitants noirs de l'île aux troupes de l'armée nationale.
En effet, le jeune Napoléon Bonaparte, fraîchement arrivé au pouvoir, vient de rétablir l'esclavage pourtant aboli par la Convention en 1794. Les anciens esclaves noirs ne l'entendent pas de cette oreille. Un mouvement de résistance s'organise alors avec à sa tête le capitaine Delgrès, mulâtre, mais libre de naissance.
Avec un millier d'hommes, il prend le contrôle du fort, centre névralgique de l'île, en mai 1802. Face à eux, plus de 3 500 militaires répartis dans onze navires vont donner l'assaut.
Bientôt à court de munitions, Delgrès et ses hommes abandonnent la place et se retranchent sur les hauteurs de la Basse-Terre. Fin mai, la cause est déjà perdue. Dans un dernier soubresaut d'orgueil, les soldats noirs réussissent ce que les assiégés du fort Alamo ont tenté en vain. Ils se font sauter avec leurs dernières réserves de poudre. Leurs dernières paroles « Vivre libre ou mourir » resteront à jamais gravées dans les mémoires.
Vacances en Guadeloupe
Autres lieux en Guadeloupe