Chapelle San Miguel

La culture et la société espagnoles du XVIIe siècle sont profondément empreintes de catholicisme. L'évangélisation des populations indigènes du continent américain nouvellement découvert est d'ailleurs vécue comme une nécessité. Sitôt conquise, toute nouvelle bourgade se doit donc de disposer de son lieu de prière.

La construction de l'église suit donc logiquement la fondation de la ville de Santa Fe en 1610 par les Espagnols.

Si l'on ne dispose pas de date précise pour le début des travaux, on pense que ceux-ci se sont déroulés entre 1610 et 1628 sous la direction des frères franciscains. La construction en elle-même est laissée aux ouvriers indiens de la tribu Pueblos, passés maîtres dans l'utilisation de la terre séchée, matériau qu'ils utilisent depuis des générations.

Le bâtiment principal est donc fait d'adobe. Il s'agit d'un mélange d'argile et de paille, façonné en forme de briques, qu'on laisse ensuite sécher au soleil pendant 7 à quinze jours. La couleur « terre » est évidemment omniprésente à l'extérieur.

L'architecture à dominante carrée de l'église suit le modèle traditionnel des maisons des Pueblos. Ainsi, elle ressemble à un ensemble de cubes de terre géants agencés les uns à côté des autres.

L'église a payé un lourd tribut lors de la Révolte des Pueblos en 1680. Perçue alors comme un symbole de l'autorité espagnole, elle devient la proie des flammes. L'incendie ne vient cependant pas à bout des épais murs d'adobe. Partiellement détruite, l'église est totalement rénovée en 1710.

L'intérieur de l'église est décoré de nombreuses peintures. Parmi les multiples ornements dont la chapelle dispose, le plus connu est le « reredos » de l'autel.

Il s'agit d'un panneau très coloré, décoré de plusieurs peintures de saints et du Christ. Il comporte trois niveaux. Le plus panneau situé le plus haut présente des images de sainte Thérèse d'Avila à gauche, de Saint Michel au centre, et de Sainte Gertrude à droite. Le panneau du milieu présente de gauche à droite des représentations de saint François­d'Assise, de Jésus-Christ et du roi Saint-Louis.

Le niveau inférieur supporte trois « bultos », des statuettes en bois peint dont deux représentent Jésus et Saint Michel.

Une salle attenante à l'église expose une cloche de bronze qui porte l'inscription « Saint Joseph, priez pour nous, 9 décembre 1356 » en espagnol. Elle provient selon toute vraisemblance du vieux continent.